autor. Idálio Dias
título. Singularidade
O trabalho de Idálio Dias incorpora formas já existentes da Natureza. Em passeios que faz quando mergulha na Natureza, recolhe muitas vezes pedaços de madeira que encontra caídos, cortados ou que foram apenas deixados. Quando regressa ao seu espaço de trabalho e depois de olhar e sentir com as mãos as formas desses pedaços de madeira, segundo diz do seu trabalho “incorporo as formas já existentes na Natureza porque quero preservar essa memória da matéria. Mas embora parta para elas com uma ideia, a imaginação e o pormenor do processo criativo quase sempre resultam numa surpresa que eu não antevi”.
Para a peça que habita esta Janela do dia 2 de Dezembro, intitulada “Singularidade”, a forma quando a vemos, mas sobretudo quando a tocamos assemelha-se a um ninho. Para a história desta janela falou de um poema de Jean Richepin, "Les oiseaux de passage". Um poema que fala da vida numa quinta, das aves de capoeira, “la volaille”, a sua vida fácil e burguesa.
Numa tradução livre e deixando ainda a referência de uma música de Georges Brassens sobre esse mesmo poema, o Escultor escreveu: "Passam o tempo a esgravatar o estrume, bem alimentados e despreocupados, aceitam o seu destino sem reservas. / São bonitos, gordos e felizes. / Cumprem o seu destino sem desejos impossíveis ou sonhos de aventura. / São todos iguais e não os aborrece viver a mesma vida dia após dia. / Então a sua existência é boa, doce e abundante, a felicidade de dormir na própria imundície e não ver mais longe que a ponta do nariz. / A vida na quinta desenrola-se tranquilamente até ao dia em que, subitamente no espaço surge um grande voo em forma de triângulo. Chega, plana e passa. Quem são eles, onde vão eles? Tão longe do solo. / São os selvagens. Vão onde o seu desejo os conduzir, sobrevoando montanhas, bosques, mares e ventos e longe da servidão. / São magros, maltratados, gastos e esgotados. / Poderiam ser como os outros e ficar na quinta a engordar, mas são antes de mais os filhos da utopia, sedentos de azul e poetas da loucura. / As aves de capoeira ficam perturbadas com a presença das selvagens, do seu desprendimento e da sua liberdade.”
by vânia kosta
poema de Jean Richepin “les oiseaux de passage”
C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici prčs, la maison ; lŕ-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.
Le bac, oů les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin ŕ l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.
Loin de l'endroit humide oů gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, oů le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussičre s'entasse,
La poule l'éparpille ŕ coups d'ongle et de bec.
Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'il mi-clos recouvert par la cręte,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.
Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des ręveurs, quand, soudain s'arrętant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crčvent d'un plongeon les moires de l'étang.
Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.
Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébčne et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.
Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?
Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gčle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ça lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.
Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est lŕ que je suis née ;
Je meurs prčs de ma mčre et j'ai fait mon devoir. "
Elle a fait son devoir ! C'est ŕ dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun ręve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.
Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
Pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.
Et tous sont ainsi faits ! Vivre la męme vie
Toujours pour ces gens-lŕ cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.
Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !
N'avoir aucun besoin de baiser sur les lčvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cur un viscčre sans fičvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !
Oh ! les gens bienheureux !... Tout ŕ coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Oů vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flűte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.
Les poules picorant ont relevé la tęte.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'il en l'air et secouant la cręte,
Vers les hauts pčlerins pousse un appel strident.
Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont oů leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.
Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimčre,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mčre,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.
Pour choyer cette femme et nourrir cette mčre,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimčre,
Des assoiffés d'azur, des počtes, des fous.
Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Lŕ-haut chante pour eux un mystčre profond.
Ŕ l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.
La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pčse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au-dessus des badauds.
Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.
Lŕ-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Lŕ-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cur et leur cerveau.
Lŕ-bas, c'est le pays de l'étrange et du ręve,
C'est l'horizon perdu par-delŕ les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grčve
Oů votre espoir banal n'abordera jamais.
Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux ŕ vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux."
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